Éric de la Noüe
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Une carpe, si belle dans son étang
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2012-06-05 - 04h55 AM - SOCIÉTÉ - MIS À JOUR LE 2012-06-07
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GRÈVE À LA CCQ

Conflit étudiant et crise sociale: le début de la contagion?

Grève générale illimitée déclenchée par le syndicat des employés de la Commission de la construction du Québec. Effective maintenant.

Litige? Les coupes dans la masse salariale et le régime de retraite.

Voici une grève, une vraie, qui annonce peut-être quelque chose de beaucoup plus inquiétant au Québec

Alors, donc, la CCQ déclenche sa «#ggi #ccq». Les petits caractères en rouge sont des acronymes, précédés de ce que les usagers de Twitter connaissent comme un hashtag, aidant à identifier le contenu d'un tweet pendant les recherches par sujet. Depuis quelques mois, la majorité des tweets sur la «grève générale illimitée» des étudiants contiennent le «#ggi» et sont souvent accompagnés d'une autre étiquette: «#manifencours». Nul besoin de vous expliquer la signification de cette dernière, n'est-ce pas?

L'allumette de l'inflation et la poudrière du niveau de vie

En matière de grève et précision de la langue, trois choses.

1. Il est clair que la présidente de la CCQ, Diane Lemieux, n'a pas attrapé le, euh, virus, de la grève des leaders étudiants. Par contre, deux des principaux enjeux derrière le mandat de grève de la Commission sont les coupes dans la masse salariale et le régime de retraite.

Les partisans de la rigueur intellectuelle seront tentés de me rappeler qu'une grève ne peut être faite que par des travailleurs. C'est exact. Les associations étudiantes n'ont jamais été des syndicats et c'est de conflit ou de boycott qu'il aurait fallu parler.

Ceci dit...

2. Dans les prochaines années, demain, pour l'ensemble des employés québécois ayant un emploi décent et qu'ils soient syndiqués ou non, les baisses de salaire et un fonds de retraite qui... fond deviendront une tendance épidémique. C'est dans cet esprit que j'ai employé le terme de contagion.

3. Ajoutez à cette équation sociale les facteurs de l'inflation et de l'endettement. Les taux d'intérêts pourraient difficilement être plus bas et, pour certains, ils contribuent à un sentiment de sécurité illusoire. Dans les prochains mois, un des plus grands facteurs de pression sociale sera l'inflation des denrées alimentaires. Au supermarché, ce qui coûtait trois dollars il y a un an en coûte souvent maintenant près de cinq.

Le citoyen moyen est endetté jusqu'aux oreilles. Comme les gouvernements fédéral et provincial. Les employés du secteur public, protégés par des syndicats, voudront faire valoir les intérêts de leurs membres. Ils demanderont plus à leur employeur, un employeur qui est quelque chose comme l'ensemble des citoyens. En théorie? Tout un débat. Mais c'est une certitude métaphysique que la facture, elle, sera envoyée à l'ensemble des payeurs de taxes.

Aux prises avec le même malaise économique que les employés du secteur public, ceux du secteur privé risquent d'exprimer leur mécontentement autrement, à tout le moins dans un premier temps, en exigeant de payer moins d'impôts. Et la majorité dite silencieuse commencera à hurler.

Dans un second temps, je ne serais pas étonné qu'eux aussi finissent par réclamer une aide gouvernementale. Mais comme les caisses seront à sec, qui pourra payer?

Question sans réponse aujourd'hui. Mais, avant de penser à changer le monde, je vous suggérerais de commencer à réfléchir à la protection du vôtre. Pour ceux qui le peuvent.

Des temps durs s'en viennent. Il vaut mieux être préparé un an à l'avance qu'une journée trop tard. Un iPhone de 2999$, qu'on jette à la poubelle après trois ans et financé sur 84 mois, ça ne se mange pas.

Aux étudiants carrés rouges qui me lisent, je vous demande de faire votre propre réflexion sur comment un tel contexte pourra vous affecter, vous.

Les hippies et la contreculture Peace and Love des années soixante, vous connaissez? Le mouvement hippie s'est effondré au début des années soixante-dix. Ils été obligés de commencer à travailler. Parce qu'ils n'avaient plus une Christ de cenne.

Mais, dans le temps, on se trouvait du travail facilement, n'est-ce pas? Ceux qui sont arrivés sur le marché du travail vers 1981-82, alors que les taux d'intérêt flirtaient autour de 20%, ont eu un peu plus de difficulté.

On s'en reparle.


Éric de la Noüe


P.S.: J'ai bouclé ce texte dans la nuit du 5 juin. En complétant ma Revue de presse du conflit étudiant et de la loi 78, je suis tombé sur un court billet de Richard Martineau, daté du 4 juin. Il a mis en plein dans le mille. Parlant du conflit étudiant, voici la citation que j'ai retenue pour la Revue:

«Les manifestants disent que nous assistons au début d’un temps nouveau. Je suis plutôt de ceux qui croient que nous assistons à la fin du monde ancien.»


© 2012, Éric de la Noüe. Tous droits réservés.

Commentaires: eric@lapremiereminute.ca

ADRESSE À TWEETER: http://bit.ly/KdfMhW

TWEET: #ggi #manifencours et maintenant grève à la CCQ. Conflit étudiant et crise sociale: le début de la contagion? http://bit.ly/KdfMhW

Dans la Revue de presse La première minute du 5 juin:

Le Journal de Montréal, 2012-06-05 à 00h38 AM
CCQ: Grève générale illimitée

«Le syndicat des employés de la Commission de la construction du Québec (CCQ) a annoncé, lundi soir, qu’il déclenchait une grève générale illimitée à partir de minuit.

Selon le Syndicat des employées et employés professionnels-les et de bureau (SEPB), le conseil d’administration de la CCQ a rejeté, lundi, la proposition du conciliateur.»

Radio-Canada, 2012-06-05 à 00h57 AM
Les 600 employés de la CCQ en grève depuis minuit

EN PLEIN DANS LE MILLE:

Richard Martineau, Le Journal de Montréal, 2012-06-04

Une question de feeling

«Les manifestants disent que nous assistons au début d’un temps nouveau. Je suis plutôt de ceux qui croient que nous assistons à la fin du monde ancien.»

UN TEXTE IMPORTANT - POUR VOUS

David Descôteaux, 2012-05-25
Le ciel peut tomber

«Le problème, note le rapport, c’est que vu leur endettement élevé, les ménages canadiens sont « étirés » financièrement. Et donc très vulnérables à une perte de revenus, ou à des dépenses imprévues.

Une tempête parfaite formée de taux d’intérêt en hausse, baisse de valeur de la maison et contraction de l’emploi deviendrait vite inquiétante, note la firme. Des taux d’intérêt en hausse forceraient les gens à moins consommer, pendant que certains acheteurs ne pourraient plus se qualifier pour un montant donné d’hypothèque, ce qui mettrait une pression à la baisse sur les prix. Si en plus l’économie reculait et le chômage augmentait, plusieurs ménages serrés financièrement devraient vendre leur maison, exerçant aussi une pression à la baisse sur les prix.»

Un tournesol qui a perdu son Tryphon La première minute > Page d'accueil

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