Le mouvement Anonymous n'a pas fini de faire parler de lui au Québec < Société | La première minute

J'ai pris connaissance du texte de Philippe Teisceira-Lessard, dans La Presse du 19 mai 2012: Anonymous attaque le gouvernement du Québec.

Je cite: «Des sites internet liés au gouvernement du Québec feraient les frais d'une attaque informatique concertée. Les sites du Parti libéral du Québec et du ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport (MELS) étaient inaccessibles ce matin.»

Selon l'Agence QMI, l'attaque aurait été revendiquée par le collectif en début de journée, samedi (donc le 19). Toutefois, l'attachée de presse de la ministre de l'Éducation, Kimberly Labar, déclare à l'agence QMI que les que les sites du MELS et de l'AFE (Aide financière aux études) ont été fermés tous les week-ends par mesure préventive depuis les cyberattaques dont ils ont été victimes, à la mi-avril.

Anonymous sur le Web? La meilleure façon de se faire une opinion est encore de remonter à la source. Je viens donc d'écouter une vidéo attribuée à «Anonymous [Québec]».

Un clip d'Anonymous, ça ressemble à ça

Petite musique uptempo pendant qu'un personnage de synthèse, vu sur d'autres clip du collectif, sert un avertissement au gouvernement du Québec.

Voici la transcription littérale du communiqué à partir de la vingtième seconde du clip:

«Anonymous s'adresse plus particulièrement au gouvernement du Québec. Nous vous observons depuis quelques temps. Nous apprenons que vous tentez d'étouffer des manifestations étudiantes en votant des lois visant à empêcher leurs déroulements.

Le Gouvernement du Québec assassine le droit de manifester en adoptant une loi d'urgence visant à faire taire les manifestations contre la hausse des droits de scolarité.

Gouvernement du Québec,
Vous bafouez les droits des étudiants, en interdisant de manifester près des universités, en interdisant le port d'un masque, en réprimant sévèrement et abusivement les organisateurs des manifestations.

Gouvernement du Québec, vous êtes prévenu !
Les actions menées par les citoyens du Québec sont légitimes et justifiées. Le peuple du Québec a le droit de protester contre l'augmentation démesurée des droits de scolarité. Nous vous demandons de laisser le peuple québécois dire ce qu'il souhaite vous faire entendre.

Nous sommes Anonymous,
Nous sommes Légions,
Nous n'oublions pas,
Nous ne pardonnons pas,
Redoutez nous!»

Le français est correct. La transcription n'est pas de moi; elle provient du communiqué placé sur la page originale sur YouTube. Je peux dire la même chose au sujet de ce qu'on appelle les valeurs de production de la vidéo. Ce n'est pas du travail fait en amateur ou par des idiots.

Plus bas sur la page YouTube, un visiteur a laissé un commentaire:

«Fake....

craignez-nous.... mahahahahh yea sure... je craint des boutonneux dans leurs sous-sols.... Get back to Wow bitches... ur pixels misses you.»

Dans un forum de discussion, on appelle ça un troll et le qualificatif n'est pas un compliment. Quant aux p'tits jeunes dans leur sous-sol, ils semblent avoir tenu parole.

La radicalisation engendre la radicalisation: pressions à venir pour la disparition de l'anonymat sur Internet

Je n'ai pas besoin d'être devin pour prédire que le collectif Anonymous refera entendre parler de lui au Québec. Maintenant, comment évaluer un groupe qui prétend ne pas avoir de tête dirigeante et dont tout le monde peut se réclamer?

Anonymous, est-ce la liberté, l'anarchie ou autre chose? Sa nature en fait un univers de miroir et de fumée, aussi difficile à cerner que WikiLeaks. Héros un jour, c'est selon, méchant un autre. Le collectif a joué un rôle dans Le Printemps arabe, présenté comme un triomphe de la démocratie, et a été associé au mouvement Occupy Wall Street.

Mais selon moi, dans le contexte actuel au Québec, répondre à la loi 78 par des attaques informatiques ne peut que contribuer à envenimer la situation et créer un contexte permettant de nouveaux projets de loi plus restrictifs en matière de sécurité Internet et du contrôle de l'utilisation du Web par monsieur tout-le-monde.

Je précise ma pensée: attendez-vous à des pressions législatives pour la disparition de l'anonymat, ou ce qu'il en reste, sur Internet.

«Mais-moi, je n'ai rien à me reprocher!»

Selon qui?

Avez-vous lu le texte Souriez, on vous regarde! de Nathalie Elgrably-Lévy? Je vous en recommande la lecture. Fortement.

On s'en reparle.

Éric de la Noüe

P.S.: Allez jeter un coup d'oeil au portail Security & Privacy de CNET.

P.P.S.: De la demande ferme à la claque sur la gueule en moins de 24 heures

Ci-dessous, une seconde vidéo du collectif, celle-là ajoutée par AnonOps Francophone apparemment aussi le 19 mai mais postérieure à celle en haut de page.

Avec une intro «Gouvernement Québécois ... Vous nous avez pris pour des Hackers bisounours...», on peut présumer que l'auteur du communiqué a été élevé ailleurs qu'au Québec. En France? Les Bisounours ne font pas exactement partie de l'imaginaire culturel québécois.

Voyez-donc le texte de Florent Daudens, sur le site de Radio-Canada, en date du 21 mai:

Les Anonymous piratent plusieurs sites du gouvernement du Québec

Ce sont les sites de la Sécurité publique et de la Déontologie policière du Québec qui ont tous deux été piratés par les Anonymous.

Le mouvement Anonymous n'a pas fini de faire parler de lui au Québec.

ELN

2600, la bible des hackers...

Je ne suis pas administrateur réseau, «sysadmin» dans le jargon, mais il m'est déjà arrivé d'avoir à superviser leur travail - écrire ne paye pas mes factures. À cet effet, je suis tenu d'en connaître un peu plus que la moyenne et, parfois, de lire les publications des hackers.

Il y a près de trente ans, la meilleure et la seule était 2600: The Hacker Quarterly. De nos jours, elle demeure le standard auquel les autres se comparent. Si vous voulez en savoir plus sur le sujet, deux liens ci-dessous.

Maintenant, savez-vous ce que je dirais à un jeune homme un peu plus intelligent que la moyenne, qui s'ennuie et a accès à un ordi?

...et le conseil d'un «sysadmin»

Nous ne sommes plus dans les années soixante-dix, le bon vieux temps, celui où Steve Jobs faisait lui-même du hacking. Depuis le onze septembre 2001, certaines agences gouvernementales sont encore plus branchées qu'elles étaient.

De façon empirique, je vous dirais que sur quatre hackers, un est informateur de police et un autre en affaires pour chiper des numéros de cartes de crédit. Le troisième travaille à temps plein pour un gouvernement ou un service privé de sécurité. Quant au quatrième, avez-vous vraiment envie de faire des séjours dans des prisons fédérales? Son nom c'est Kevin Mitnick.

La prison, quand tu pèses cent-vingt-cinq livres mouillé, c'est long.

2600 sur Wikipédia

Site officiel de 2600

Kevin Mitnick sur Wikipédia

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